120 milliards de packagings cosmétiques chaque année, c’est le nombre de packagings cosmétiques produits chaque année dans le monde. Un chiffre vertigineux, presque inimaginable. Derrière lui, une réalité moins visible, mais bien plus inquiétante : une montagne de déchets, de flacons oubliés, de tubes jetés, de bouchons impossibles à recycler. La salle de bain est devenue l’un des lieux les plus polluants de nos foyers, alors même qu’elle devrait être synonyme de bien-être et de soin.

À l’heure où la planète sature, peut-on encore continuer à se faire belle sans se poser de questions sur nos emballages ?
La beauté régénérative, elle, dit non. Elle choisit de repenser tout : la formule, le geste, mais aussi le contenant. Elle refuse de dissocier le soin de la planète. Elle fait du packaging un enjeu central de sa démarche.

Le plastique : pratique, mais toxique

Pourquoi le plastique est-il si utilisé dans la cosmétique ?
Il est léger : facile à transporter, à stocker, à manipuler.
Il est malléable : on peut le mouler dans toutes les formes, créer des designs attractifs, des bouchons ingénieux, des flacons pratiques.
Il est peu coûteux : parfait pour les grandes productions, les lancements à grande échelle.
Il résiste à l’humidité : idéal pour les produits d’hygiène, les gels douche, les shampoings, les crèmes hydratantes.

Mais derrière ces qualités apparentes, se cache une bombe écologique :
Le plastique met 450 ans à se dégrader dans la nature.
Seuls 9 % des plastiques dans le monde sont réellement recyclés.
Le reste finit dans les décharges, dans les océans… ou dans nos corps, sous forme de microplastiques.
Il est dérivé du pétrole, donc énergivore à produire.
Certains plastiques contiennent des perturbateurs endocriniens, des substances qui peuvent dérégler notre système hormonal, avec des conséquences sur la santé.

Et le pire ? Une fois jeté, un flacon de gel douche a plus de chance de finir dans une mer que dans une usine de recyclage.
Chaque année, des millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans, formant des continents de déchets, tuant la faune marine, polluant la chaîne alimentaire. Les microplastiques sont désormais partout : dans l’eau, dans l’air, dans le sel, dans le miel, dans notre sang.

Et si le packaging devenait un soin lui aussi ?

C’est ici que la beauté régénérative change la donne.
Elle part du principe que le contenant fait partie intégrante du soin. Qu’il influence notre rapport au geste, à l’usage, à la durée de vie du produit.
Elle pose des questions simples mais puissantes :
Ce packaging va-t-il polluer ?
Peut-il être composté ?
Va-t-il durer dans le temps ?
Peut-on le recharger ? Le transmettre ?

Elle refuse la logique du jetable. Elle cherche à faire du flacon un compagnon.
Le packaging n’est plus un simple support, mais un acteur à part entière de la démarche de soin. Il doit être pensé pour respecter la planète, pour durer, pour s’inscrire dans un cycle vertueux de régénération.

Eclo : l’exemple d’un packaging régénératif

Parmi les marques pionnières en matière d’écoconception, Eclo est un cas d’école.
Chez Eclo, on ne parle pas juste de “réduction d’impact”. On parle de régénération. Même dans le packaging.

Leurs choix sont radicaux et inspirants :
0 % plastique : aucun plastique dans les contenants. Ni dans les pots, ni dans les opercules, ni dans les finitions.
Des packagings compostables : fabriqués à partir de résidus végétaux (comme les tiges de chanvre ou les algues), les contenants sont biodégradables. Une fois utilisés, ils peuvent retourner à la terre, nourrir le sol, participer à un cycle de régénération naturelle.
Des étuis FSC : chaque emballage en carton est certifié FSC (Forest Stewardship Council), c’est-à-dire issu de forêts gérées durablement. Pour un arbre coupé, un autre est planté, garantissant la régénération des forêts et la préservation de la biodiversité.
Des formats semi-solides : Eclo propose des soins sans eau, sous forme de baumes, qui n’ont pas besoin de pompe ou de flacon complexe. Cela diminue radicalement la quantité de matière utilisée et donc les déchets.
Pensés pour durer. Pour être gardés, transportés, transmis. On n’achète plus 10 pots. On choisit un contenant qui accompagne, qui traverse le temps, qui devient familier.

Cette démarche va au-delà de la simple écologie. Elle incarne une philosophie : celle de la beauté régénérative, qui considère que chaque geste, chaque choix, chaque détail peut participer à la régénération de la planète.

D’autres alternatives existent

La bonne nouvelle ? Eclo n’est pas seule. D’autres solutions se développent, portées par des marques innovantes, des artisans, des chercheurs, des consommateurs exigeants. Voici quelques pistes de packaging régénératif :

·   Le verre consigné : flacons qu’on renvoie à la marque, lavés et réutilisés. Le verre est recyclable à l’infini, mais la consigne permet d’économiser encore plus d’énergie et de ressources.

·   L’aluminium recyclé : pour des tubes 100 % recyclables, sans plastique. L’aluminium se recycle très bien, il est léger, solide, et protège parfaitement les formules.

·   Les recharges souples : poches ultra-légères à insérer dans un pot durable. On garde le contenant principal, on ne change que la recharge, ce qui réduit drastiquement les déchets.

·   Le mycélium (champignon) : utilisé pour créer des emballages compostables, qui se dégradent en quelques semaines dans la nature, sans laisser de trace.

·   Les étiquettes en déchets de raisin, de marc de café : rien ne se perd, tout se transforme. Les sous-produits de l’agriculture deviennent matière première pour des packagings innovants, biodégradables, esthétiques.

Certaines marques vont encore plus loin en proposant des systèmes de consigne à domicile, des points de collecte, des ateliers de réparation ou de customisation des contenants. L’objectif : sortir de la logique du jetable, entrer dans celle de la régénération.

Supprimer le superflu

L’autre combat de la beauté régénérative ? Le suremballage.
Cellophane, carton inutile, cales en plastique, notices papier, autant d’éléments superflus qui finissent à la poubelle 5 secondes après l’achat.
Certaines marques, comme Eclo ou La Crème Libre, ont supprimé tout ça. Pas d’étui pour les sticks. Pas de plastique autour des pots. Et surtout : aucune matière inutile.

Ce choix n’est pas anodin. Il oblige à repenser toute la chaîne de production, à dialoguer avec les fournisseurs, à éduquer les consommateurs. Mais il permet de réduire considérablement l’empreinte environnementale des produits, de limiter les déchets, de simplifier le geste beauté.

Et si demain, notre salle de bain était presque zéro déchet ?
Imaginez : plus de poubelle débordante, plus de tri laborieux, plus de culpabilité. Juste des soins essentiels, dans des contenants durables, beaux, conçus pour durer ou retourner à la terre.

Le contenant, miroir de la philosophie

Le packaging est aussi un symbole.
Un soin dans un pot plastique, c’est une injonction à consommer vite, à jeter, à oublier.
Un soin dans un pot en chanvre compostable, c’est une invitation à ralentir, à choisir, à respecter.
C’est un geste fort. Un prolongement de notre désir de cohérence. Une façon de dire : « je ne fais pas les choses à moitié ».

La beauté régénérative invite à la réflexion, à la conscience, à l’engagement. Elle fait du contenant un manifeste, un miroir de la philosophie de la marque et de l’utilisateur.

Le lien avec notre bien-être

Mais au fond, pourquoi ce changement est-il si important ?
Parce qu’il nous reconnecte à une consommation plus consciente. Plus respectueuse. Et donc, plus apaisante.

Un flacon qu’on recharge, c’est un flacon qu’on garde. Qu’on aime. Qu’on reconnaît. Il fait partie du rituel. Il devient familier. Il rassure.
On passe d’une logique de rapidité à une logique de durabilité.
On redonne du sens à chaque geste, à chaque choix, à chaque achat.

Ce basculement est précieux, pour la planète comme pour notre mental. Il nous invite à ralentir, à savourer, à prendre soin de nous et du monde qui nous entoure.
La beauté régénérative ne cherche pas seulement à réduire son impact : elle veut créer du positif, du lien, du sens. Elle veut régénérer notre rapport à la consommation, à la nature, à nous-mêmes.

Vers une beauté sans plastique : utopie ou réalité ?

Le chemin est encore long. Le plastique reste omniprésent, les habitudes difficiles à changer, les alternatives parfois plus coûteuses ou moins pratiques.
Mais chaque choix compte. Chaque marque qui s’engage, chaque consommateur qui questionne, chaque innovation qui voit le jour rapproche la cosmétique d’un avenir plus propre, plus juste, plus régénératif.

De plus en plus de marques s’engagent : consigne, vrac, compostable, zéro déchet… Les initiatives se multiplient, les collaborations naissent, les mentalités évoluent. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à exiger de la transparence, de la cohérence, du respect.

La beauté régénérative n’est pas une mode, mais un mouvement de fond. Elle invite à repenser tout le cycle de vie du produit, du champ à la salle de bain, du flacon à la terre. Elle fait du packaging un acteur de la régénération, un allié du soin, un symbole d’engagement.

Changer de packaging, c’est déjà changer le monde, un flacon à la fois.

Eclo. (s.d.). Beauté régénérative. https://eclobeauty.com/pages/eclo-about

FSC France. (s.d.). Qu’est-ce que la certification FSC ? https://fr.fsc.org/fr-fr

National Geographic. (2023). The world’s plastic pollution crisis explained. https://www.nationalgeographic.com/environment/article/plastic-pollution